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La flotte de Napoléon III - Documents
Les canons de marine russes et français à Sébastopol (2)
Claude Millé
… SUITE
Liste de la flotte russe de la mer Noire dans la rade de Sébastopol pendant le conflit de 1854-55
Vaisseaux à voiles à trois ponts 124/131 canons :
•
Tri-Sviatitelia (Les Trois Saints ou les Trois Pontifes, les trois grands
évêques de Moscou, Pierre, Alexis et Iona), lancé en 1838, coulé
volontairement le 11.9.1854 pour fermer la rade
•
Dvenadtsat-Apostolov (Douze Apôtres) lancé en 1841. Coulé le
12.2.1855.
•
Parish (Paris, souvenir de l'entrée des Russes dans Paris en 1815) Lancé
en 1849. coulé le 28 août 1855
•
Velikii Kniaz Konstantin (Grand Duc Constantin) lancé en 1852, Coulé le
28 août 1855
Vaisseaux à voiles à deux ponts de 84/90 canons :
•
Imperatritza Mariia lancé en 1853. Touché le 5 septembre 1855 par une
bombe tirée de la batterie française N° 27, il brûla et coula.
•
Chesma (petite baie de Turquie où fut anéantie une flotte turque par les
russes en 1770) lancé en 1849. coulé le 28 août 1855
•
Silistriia (ville de Bulgarie sur la rive droite du Danube à la frontière
actuelle avec la Roumanie) lancé en 1835. coulé volontairement en 1854
•
Sultan Makhmud. Lancé en 1836. coulé en 1854
•
Trekh Ierarkhov (Trois Hiérarques) Lancé en 1838. coulé en 1854.
•
Gavriil ou Arkhangel Gavriil (Gabriel); Lancé en 1839. coulé le 9 novembre 1854
•
Selafail (Salathiel, un des Sept Archanges vénérés en Russie Gabriel, Michel, Raphael, Ouriel, Egoudiel, Barakhiel et Salathiel) Lancé en
1840.coulé volontairement le 11 septembre 1854
•
Uriil. Lancé en 1840. coulé volontairement le 11 septembre 1854.
•
Varna (actuellement port de Bulgarie) Lancé en 1842, coulé volontairement le 11 septembre 1854
•
Iagudiil (Egoudiel) Lancé en 1843 .coulé le 28 août 1855
•
Sviatoslav (prénom d'un prince de l'histoire de la Russie) lancé en 1845 .coulé le 13 février 1855 pour renforcer le barrage
•
Rostilav (prénom d'un prince de l'histoire de la Russie) Lancé en 1844 .coulé le 13 février 1855
•
Khrabryi (le Brave, en russe); Lancé en 1847.coulé le 28 août 1855.
•
Flora. Frégate de 44 canons. Lancée à Nikolaiev en 1839. Coulée volontairement le 11.9.1854
•
Sizopolis. Frégate de 60 canons. Lancée à Nikolaiev en 1834. Coulée volontairement le 11.9.54
Les 5 vaisseaux coulés à l'entrée de la grande rade pour interdire le passage des escadres françaises et anglaise dans les jours qui suivirent la
défaite russe de l'Alma furent: Tri Sviatitelia, Ouriil, Selafail Varna et Silistria. Les frégates Sizopol et Flora furent aussi coulées. Le temps
manqua pour récupérer tous les canons des navires.(11 septembre 1854).
Ultérieurement, en février1855, on coula d'autres navires pour renforcer le barrage.
D 'autres frégates se trouvaient à Sébastopol lors du siège :
•
Messembriia coulée le 13.2.55
•
Kulevcha coulée le 13.8.55
•
Midiia coulée le 13.2.55
•
Kagul coulée le 13.2.55
•
Kavarna détruite par une batterie le 26.8.55. Brûle et coule.
Dès 1856 on commencera à dégager la rade de ses épaves, seul le vapeur Wladimir sera renfloué pour reprendre du service. Depuis 1905 un
monument en forme de colonne perpétue près d'un quai du port le «Souvenir des navires coulés »
_____________________
Nous devons retenir deux dates déterminantes qui expliquent l'utilisation intensive des batteries de la marine chez les bélligérants.
Bataille de l'Alma. 20 septembre 1854 - Les russes, vaincus sur l'Alma, l'investissement de la place de Sébastopol semblait assuré par les
franco-britanniques .Le prince russe Menchikov voulut parer au plus préssé: renforcer les défenses du port côté terre. On fit appel au colonel-
ingénieur russe Totleben, on boucha l'entrée de la rade par un premier groupe de 5 vaisseaux et deux frégates qui y furent coulés, malgré
l'opposition de l'amiral Nakimov, partisan d'une sortie désespérée de la flotte russe. Enfin, le restant des navires étant désormais prisonnier et
moins utile, on débarqua en masse l'artillerie des vaisseaux et frégates, ainsi que les équipages. Cela renforça dans une grande proportion le
potentiel de défense de la place. Le combat allait se jouer uniquement à terre.
Bombardement de Sébastopol par la flotte franco-britannique.17 octobre 1854 - Ce jour là, les flottes conjointes des vaisseaux anglais et
français s'alignèrent devant les forts russes de l'entrée de la rade pour les bombarder, les vaisseaux à voiles remorqués par les frégates à
vapeur. Le total de l'artillerie de tous les navires pouvant tirer d'un seul bord pouvait s'évaluer à environ 1200 canons, face aux 350 canons
russes des forts. Ce qui se voulait une démonstration de force allait être, en réalité la dernière manifestation de la vaine puissance de la
marine en bois et à voiles.
L'aviso- bombarde le Vautour donna à midi et demie le signal d'ouverture de feu. Il y avait là les vaisseaux mixtes anglais Trafalgar, Queen,
Rodney, Agamemnon, Sans Pareil, London, des vaisseaux à voiles Britannia, Vengeance, Bellerophon, Albion, accompagnés des frégates
Samson, Tribune, Terrible, Rétribution, Arethusa, du sloop à roues Sphinx et de la canonnière à hélice Lynx.
Les français alignaient les vaisseaux mixtes Napoléon, Bayard, Charlemagne, Montebello, Ville de Paris, Jean-Bart,, les vaisseaux à voiles
Friedland, Valmy, Henri IV, Alger, Marengo Suffren.plus les frégates à vapeur , Pomone, Mogador, Vauban, Descartes, Canada, Albatros et
Labrador et les corvettes mixtes Primauguet, Pluton, la corvette à roues Tisiphore, l'aviso à hélice Mégère
Le résultat fut décevant :
Les dommages subis par les coques en bois et les gréements furentbien plus importants que ceux causés aux puissants forts d'entrée de
rade, notamment à celui de la QUARANTAINE;.
Une bombe explosa sur la dunette du vaisseau français Ville de Paris; 8 tués, un aide de camp fut coupé en deux, un autre eut les deux
jambes arrachées, un aspirant égyptien fut tué, 50 hommes mis hors de combat.,L'amiral Hamelin faillit y laisser la vie.Le vaisseau amiral
français reçut 50 boulets dans la coque et 100 dans sa mâture. Trois boulets rouges faillirent l'incendier;
Une bombe tomba par la cheminée du vaisseau Charlemagne, endommageant gravement la machine. Il eût deux morts et 35 blessés;
Le Valmy eut 4 tués et 30 blessés, le Friedland 10 tués et 30 blessés.,
Le Montebello eût plusieurs incendies 6 tués et 30 blessés et le gréement très endommagé
Le Napoléon reçoit un boulet qui perce sa coque en dessous,de la ligne de flottaison, il a 5 morts et 18 blessés. Les frégates ont 3 morts et
20 blessés. C'est l'aviso-bombarde Vautour qui fit le plus de dégâts chez les russes avec ses tirs de mortier.
Chez les anglais, la Rétribution vit son grand mât coupé en deux, l'Albion, le Sans Pareil, le Bellerophon l'Agamemnon, eurent un assez
grand nombre de tués ou de blessés.
La flotte se retira dans l'après-midi et il n'y eut plus de démonstrations navales devant Sébastopol. Les état-majors en tirèrent des conclusions,
plusieurs fois vérifiées dans l'histoire: La prise d'un port ou une ville puissamment fortifiés côté mer, par une flotte de guerre de l'ancienne
marine en bois s'avèrait la plupart du temps une vaine tentative. Par mer Sébastopol était imprenable.
Le 24 décembre 1854, Hamelin quittait la mer Noire à bord du Panama, plein d'amertume.
L'artillerie de marine russe
Il est difficile de la différencier de l'artillerie de côte, des puissants forts, seulement différente par ses affûts. Mais un ouvrage en deux tomes
du colonel du Génie Edouard Totleben, celui qui reprit en les amplifiant et sans cesse les modulant les fortifications de terre et gabions côté
terre, précise l'évolution des batteries qui les défendaient. Il s'agissait au fur et à mesure de renforcer les batteries russes existantes. Au début
du siège, Sébastopol était défendue par plus de 650 canons et seulement 145 côté terre, pour un périmètre de 7 kms.
Le nombre de canons par fort russe était alors le suivant:
Batterie N° 10: 58 canons
Fort Alexandre: 56 canons
Fort Constantin 94 canons
Bastion N°7 et 8: 62 canons
Fort Michel: 77 canons
Fort Nicolas: 105 canons
Batterie N°4: 47 canons
Fort Paul: 34 canons-obus
Soit un total de 533 bouches à feu, dont 175 licornes, 26 mortiers, le reste en canon-obusiers (28), et canons ordinaires de 36, 30, 24, 18 et 12
livres.
On arrivera à la fin du conflit à environ 2.000 canons russes à Sébastopol.
“Les bouches à feu de la place qui armaient les fortifications de terre côté sud et côté ouest étaient montées sur affût de place élevés et
châssis mobile. Quelques unes avaient des plate-formes en madriers et poutrelle directrice. Conformément aux règlements, les bouches à feu
de la marine qui faisaient partie de l'armement des ouvrages étaient sur affût à quatre roues, sauf les caronades qui avaient des affûts à la
Congrève (1). Les bouches à feu de la marine possédaient des percuteurs”. (Totleben. La défense de Sébastopol)
(1) Congrève William 1772-1828 officier anglais qui ramena des Indes l'usage des fusées, en les perfectionnant.
Pour renforcer l'artillerie de la place on disposait à la fois des stocks disponibles dans l'arsenal (résultant de changements intervenus en 1853
dans l'armement de la flotte de la mer Noire, laissant des canons démodés) et aussi des canons débarqués des navires coulés Mais les calibres
inférieurs au 24 ne pouvaient être utiles face aux calibres ennemis dont le plus faible s'arrêtait au 24.
Les canons des vieux stocks, pièces usagées ou obsolètes, n'étaient que d'un faible secours parce que dépourvus d'affûts et d'accessoires..
Ceux des pièces de marine n'étaient pas toujours adéquats à une utilisation à terre.: c'est ainsi que pour équiper les canons de marine dans
les batteries de terre il fallut les encadrer de poteaux où on accrochait les bragues, les palans de remise en batterie et les palans de retraite.
On dut créer aussi des plate-formes avec de gros madriers de bois, pour le roulement des affûts marins. Elles furent souvent en pente, pour
suppléer au manque de bragues. On manqua aussi d'accessoires, refouloirs, hausses, percuteurs. La qualification des canonniers de la marine
y suppléa.
On connut des avatars: les projectiles de 68 fournis par l'Angleterre quelques années avant ne rentraient pas dans les canons russes du même
calibre (le calibre des canons de l'époque se donnait en poids en livres du projectile, pas en cm de l'âme. Or chez les russes on s'exprimait en
POUDS, mesure locale de poids utilisée jusqu'en 1924. Le poud valait 16, 38 kgs. Le calibre anglais s'évaluait en pounders (livre anglaise). Les
stocks russes de munitions trouvés dans l'arsenal de Sébastopol lors de l'abandon de la ville le 12 septembre 1855 se montaient encore à
262.482 kgs,. Il restait 407.214 boulets pleins, 101.755 projectiles creux, , 24.080 coups à mitraille. Il restait 128 bouches à feu en bronze et
3.711 canons en fonte de fer. Depuis les grandes modifications de refonte d'armement de 1853,,la marine russe utilisait des canons de 68 36,
30, 24, 18 et 12 (poids du projectile en livres anglaises de 0,453 kg),
Le reste se composait de canon-obusiers dits « licorne » ("enigorod" en russe). Cette particularité russe remontait à 1757, bien que les
premières licornes en bronze. aient appartenu uniquement à l'armée de terre. Ces canon-obusiers tiraient à tir tendu des projectiles appelés
“bombes”, canons plus courts, de 10 à 11 calibres, à chambre réduite et conique, tirant des grenades et des bombes, à trajectoire plus plate
que les autres canons, et dont la précision et la portée sont bien meilleures à celles des autres canons (portée de plus de 3 kms). Les premiers
ont été conçus par M.V. Martynau (ou Martynov) et par M.G. Mikhaïovich Danilov, sous la direction du général comte Pierre Ivanovich
Chouvalov 1711-1762. Ce dernier s'occupa de doter la Russie de manufactures d'armement, spécialement dans le domaine de l'artillerie.
La grande période des licornes fut sous les guerre du 1er Empire. L'artillerie russe était supérieure à celle de Napoléon. (le colonel Paixhans,
qui participa aux batailles d'Austerlitz, Borodino et la Moskowa, y puisa sans doute ses premières idées sur les canons-obusiers). Le G.R.A.N.
(Groupe de Recherches Archéologiques Navales) trouva plusieurs licornes vers
1980 sur l'épave d'un vaisseau russe, la Slava Rossii, naufragé en 1787 sur l'île du
Levant. ; On peut voir plusieurs licornes en France, une en bronze sur l'Esplanade
des Invalides, une au Musée de la Marine de Toulon (de la Slava Rossii) et
plusieurs à Rochefort, en fer, prises de guerre de Sébastopol. Il est aisé de les
reconnaître, la culasse se caractérise par un rétrécissement en tronc de cône
inversé, par rapport au tronc de cône général du tube, Il en est de même de la
chambre intérieure renfermant la gargousse.
On trouvait des licornes de ½ poud, 1 poud et 1 ½ pouds (1 poud russe = 16.38 kg).
Batteries à terre de la Marine Française
Le 3 octobre déjà, un peu avant le bombardement général des forts de l'entrée de
rade, les, amiraux français Bruat et Hamelin pensèrent renforcer l'artillerie de
terre en débarquant des grosses pièces de marine: « fournir des bouches à feu du
plus gros calibre, des officiers et des hommes à des batteries de soutien du siège
».
On commença les premiers jours par 20 pièces de 30, 10 canons-obusiers de 22
cm et 30 lance-fusées. Les lance-fusées ne donnèrent pas le résultat escompté.
Note: on ne pouvait réunir beaucoup de canon-obusiers de 22 cm ou de canons
de 50 à débarquer pour les batteries à terre de la Marine, car ceux-ci se
trouvaient relativement peu nombreux à bord des navires. Le trois ponts Ville de
Paris avait 86 canons de 30 pour 16 canon-obusiers de 80 (22 cm), les deux ponts
étaient armés de 92 à 94 canons, pour 6 canon-obusiers de 80 (22 cm)
A partir du 1 janvier 1855 le vaisseau Montebello administrera le nouveau Corps Spécial du Camp de la Marine à terre, qui compta à ses
débuts 1.000 hommes (500 canonniers et 500 servants), sous les ordres du CV Rigault de Genouilly, et plus du double vers la fin du siège.
On débarqua donc de grosses pièces de marine, des canon-obusiers de 22 cm et 16 cm, et des canons de 50 et 30. Par rapport aux russes, qui
disposaient de quais et des appareils de levée de l'arsenal de Sébastopol, les français étaient désavantagés, réduits à de lourdes manutentions
à Kamiesh, sans quais et avec les seuls appareils du bord, palans d'étai, palans de bout de vergue, machine Griolet (appareil volant de levage
d'un tube de canon disposé dans une batterie lors d'un changement d'affût)..
Restait à transférer des canons de plusieurs tonnes souvent dans une chaloupe
vers la terre, les débarquer avec des chèvres de levage pour ensuite, de nuit et
sans bruit, les transporter ou hisser les canons jusqu'à leur emplacement de
batterie aménagé par le service de l'artillerie de terre. On utilisait pour le
transport des prolonges d'artillerie et des triqueballes (long timon avec deux
fortes roues à essieu coudé en forme de vilebrequin, de façon à ce que la lourde
pièce transportée soit le plus bas possible pour des raisons de stabilité.. Les
marins ou des soldats d'infanterie, tiraient l'ensemble à plusieurs centaines
d'hommes). La triqueballe s'utilisait généralement en forêt pour le transport des
grumes
Il fallait encore, pour terminer, préparer des plate-formes de madriers pour le
roulement des affûts dont beaucoup étaient à échantignolles, aménager des
points d'appui en gros piquets pour les bragues et les palans de remise en
batterie Tout venait de France par les transports: Le bois servait pour les
baraques, casernes, hôpitaux de campagne, construction des abris et service de
l'artillerie. La Sémillante, qui naufragea aux îles Lavezzi lors de la guerre de
Crimée, transportait du bois en lambourdes et madriers. Repêchés, ils servirent à renforcer la route Bonifacio-Bastia.
Batterie N° 3. PLATE-FORMES. On avait trouvé, en creusant le terre-plein à O,30 m au dessous du sol naturel un terrain calcaire présentant une
vive résistance. C'est dans ce sol pierreux qu'on creusa des cuves rectangulaires pour l'emplacement des lambourdes et des gîtes (1): ceux-ci
furent calés au moyen de pierres et de terre végétale bien damée. Les lambourdes placées ensuite furent assujetties aussi solidement que
possible au moyen de pierres de cales et de terre, la nature du sol interdisant l'usage de piquets.
(1) gîte (vocabulaire d'artillerie) : chacune des poutrelles qui soutiennent les madriers de la plate-forme.
OBSERVATOIRE. Pendant la construction de la batterie et pendant le feu, un homme intelligent fut mis en observation pour avertir de la chute
des bombes de l'ennemi ce service fait avec soin a prévenu de nombreux accidents; et depuis lors, pendant tout le siège, chaque batterie a été
pourvue d'un observatoire, d'où une sentinelle vigilante, en faction la nuit et le jour, pouvait suivre et indiquer la direction et la nature du tir
des batteries russes avec lesquelles les nôtres étaient engagées» (Historique de l'artillerie).
Tiré d'un rapport cité par le général Niel :
“Pendant le service du siège, la marine avait fourni 449 bouches à feu. Sur ce nombre 182 avaient été mises hors de service. Les pièces de 30
ont surtout rendu d'excellents services par la justesse de leur tir jusqu'à la portée de 2.000 mètres.
Au début du siège, on avait imité pour les pièces de la marine, les installations du bord. Elles étaient servies de la même manière et par le
même nombre d'hommes qu'en mer. Mais l'expérience apprit bientôt qu'on pouvait se passer de la brague et des palans. Le recul de la pièce
fut limité par des sacs de terre disposés à la queue de la plate-forme. Le percuteur fut supprimé et remplacé par l'étoupille à friction, ce qui
permit de tirer un plus grand nombre de coups avec la même pièce. Pour les canons tirant à plus de 1.000 m, la charge était du quart du poids
du boulet. Pour les distances moindres, elle n'était que du sixième du poids”.
Le 8 septembre 1855, jour de la prise de la tour Malakov, le corps de débarquement de la marine, toujours sous les ordres de Rigault de
Genouilly eut dans ses rangs 184 tués dans les batteries de l'artillerie de la marine et 816 blessés. On comptait lors de l'intense
bombardement qui accompagnait l'assaut général du même jour, 635 bouches à feu françaises et turques et 179 anglaises, dont seulement 3
canons Lancaster.
Bouches à feu en batterie dans les attaques françaises du 5 septembre 1855 :
Source général Niel.
Matériel français de la Guerre: 69 canons, 48 canon-obusiers et 136 mortiers.
Matériel français de la Marine: 193 canons, 63 canon-obusiers et 7 mortiers.
Matériel anglais: 30 canons, 2 canon-obusiers et 8 mortiers
Matériel turc: 8 canons, 10 canon-obusiers et 33 mortiers.
Matériel russe (pris le 7 juin 1855) : 3 canons et 8 mortiers;
Sur les 265 pièces de marine, on comptait:
7 canons de 30 N° 3.et N° 4..
181 canons de 30 N° 1.
5 canons de 30 N°2.
7 canon-obusiers de 16cm.
32 canon-obusiers de 22 cm N°1.
L'artillerie française (Guerre et Marine) a tiré pendant la durée du siège 510.000 boulets pleins, 200.000 obus exlosifs, 350.999 bombes. On a
également lancé 8.000 grenades et brûlé 3.000.000 kgs de poudre.
NOTA 1. Prévues notamment pour la guerre de Crimée et Sébastopol,, les trois premières batteries flottantes arrivèrent en septembre après le
siège. La Dévastation,remorquée par l'Albatros, la Lave, remorquée par le Darien et la Tonnante, remorquée par le Magellan ,prouvèrent
cependant leur efficacité devant Kinburn.aux Boûches du Dniepr.
NOTA 2: Les divergences de dates avec les ouvrages russes sur la guerre de Crimée s'expliquent par l'usage jusqu'en 1923 du Calendrier Julien
chez les russes, qui a un décalage de 10 jours avec notre Calendrier Grégorien.
Bibliographie
Général FAY. Souvenirs de la guerre de Crimée. Librairie militaire Paris 1867
Jules LADIMIR. Histoire complète de la Guerre d'Orient 1856
Colonel Léon GUERIN. Histoire de la dernière guerre de Russie. Dufour, Mulat et Boulanger éditeurs. 1858
Général NIEL. Siège de Sébastopol, journal des opérations du Génie. Librairie Militaire Paris 1858
Historique de l'Artillerie. Berger-Lavrault éditeurs. 1858
Capitaine LAFAY . Aide-mémoire d'artillerie Navale de 1850. Librairie Militaire Paris. Avec 50 planches
César LECAT de Bazancourt. La guerre d'Orient. 4 T.
Edouard TOTLEBEN. Officier russe du Génie. La défense de Sébastopol; Edité à St Petersbourg en langue française
Tous les livres ci-dessus sont téléchargeables sur Google-book, mais avec une qualité souvent mauvaise, les planches sont scannées non
dépliées...
Jean BOUDRIOT. L'artillerie de mer
Michèle BATTESTI . La Marine de Napoléon III
Georges TREDEA and Eduard SOZAEV. Russian warships in the âge for sail; Seaforth Publishing
La flotte de l'Empire de Russie Editeur Romain Pagès
Alexandre PROTTO Sous le pavillon de St André. (Ouvrage publié à compte d'auteur)
Hervé BERNARD La vie extraordinaire d'un grand marin, Henri Rieunier. (Ouvrage publié à compte d'auteur)