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La flotte de Napoléon III - Documents
Les armes
1. Le papier-poudre
(in Revue Maritime et Coloniale, vol 17, 1866)
“On vient d'inventer en Angleterre un papier destiné à remplacer la poudre à canon; ce
papier est imprégné d'une substance chimique ainsi composée : chlorate de potasse 9
parties; nitrate de potasse 4 1/2; prussiate de potasse 3 1/4; charbon de bois en poudre 3
1/4; amidon 1/12 ; chromate de potasse 1/16; eau 79 parties. On mélange toutes ces
matières, et on les laisse bouillir pendant une heure; puis on plonge les feuilles de papier
dans cette solution. Le papier ainsi saturé est enroulé en forme de cartouche, de la longueur
et de l'épaisseur que l'on désire. On le fait ensuite sécher à la température de 212°
Fahrenheit; il a alors l'apparence d'une masse grise et compacte.
Ce papier-poudre a été expérimenté et a donné lieu à des rapports favorables ; on a trouvé
qu'il peut parfaitement remplacer la poudre à canon, et qu'il est bien préférable au coton-
poudre et à toute autre matière explosive. On dit que la manipulation n'offre aucun danger,
et que l'explosion ne peut avoir lieu même par percussion. Il ne fait explosion qu'au contact
du feu, ou à une température équivalente à celle du feu. Son action est prompte et
énergique, ayant sous ce rapport un avantage marqué sur la poudre à canon.
Il ne laisse aucun résidu graisseux à l'intérieur des canons; l'explosion fait moins de fumée et
produit moins de recul que la poudre à canon, et il est moins sujet à se détériorer par l'effet
de l'humidité, dont il est garanti par une solution de xyloïdin et d'acide acétique. On prépare
le xyloïdin en agissant sur le papier avec de l'acide nitrique, dont une partie est dissoute dans
3 parties d'acide acétique à la gravité spécifique de 1.040.
Six coups de pistolet ont été tirés à une distance de 13 mètres avec des cartouches contenant
97 centigrammes de poudre à canon, et une balle conique qui a donné une pénétration
moyenne de 11/16 dans une planche en bois. — Six coups ont été tirés avec 64 centigrammes
de papier-poudre, à la même distance, et avec la même balle, et la pénétration a été en
moyenne de 1 3/8, avec une charge de poudre de 33 pour cent inférieure. Le papier-poudre a
donc obtenu une plus grande pénétration. On a tiré ensuite 6 coups avec une charge de 97
centigrammes de papier-poudre, et la balle a traversé chaque fois une planche de 0m076. A une distance de 26 mètres, un pistolet du calibre de
54, tiré avec une charge de 76 centigrammes, a traversé la même planche de 0m076. On espère arriver à fabriquer ce papier à meilleur marché
que la poudre ordinaire”.
2. La poudre à canon blanche
[in Mechanic's Magazine - 1856)
“Dans ces dernières années, on a imaginé plusieurscombinaisons chimiques destinées à remplacer la poudre à canon ordinaire ; mais toutes ces
compositions, comme celles qui reposent sur l'emploi de la poudre coton ou de la nitro-glycérine, offrent des dangers dans leur manipulation ;
de plus, une poudre n'est pratique que quand elle n'est pas trop brisante , et que, dans tous les cas, on peut contrôler sa force comme avec le
dynamide Nobel.
La poudre à canon blanche, en dehors de son moindre prix de revient, parait remplir les conditions exigées : elle ressemble à de la farine, de la
chaux ou de la magnésie en poudre ; elle , ne produit ni fumée ni flamme à la bouche des pièces, et peut, par suite, être employée dans les
batteries casematées, sans gène pour les canonniers ; elle est composée de 48 parties de chlorate de potasse, 29 parties de prussiate jaune de
potasse et 23 parties de sucre en pain de la meilleure qualité. Le prussiate doit être séché dans des auges en fer, jusqu'à ce qu'il soit aussi blanc
que le chlorate ; les substances qui entrent dans la composition de cette poudre doivent être réduites séparément en poudre très-fine, puis elles
sont mélangées au moyen d'un tamis conique, sans toutefois être triturées ; l'opération ne dure que quelques minutes, et n'offre aucun danger ;
on charge comme avec la poudre ordinaire, sans toutefois refouler trop fortement ; le feu est communiqué à la charge soit au moyen d'une
cheminée à capsule ordinaire, soit au moyen d'une cartouche à inflammation centrale. La puissance de propulsion de cette poudre parait être
supérieure d'un tiers à celle de la poudre ordinaire ; elle coûte 107 fr. les 50 kg, ce qui, vu sa puissance de propulsion supérieure d'un tiers,
réduit ce prix à 75 francs ; prix à comparer avec celui de la poudre ordinaire.
Le trait caractéristique de la manipulation de la poudre blanche consiste surtout en ce qu'elle n'a pas besoin d'être réduite en grains, ce qui offre
toujours quelque danger dans les poudreries. De plus, cette poudre étant très-compacte n'occupe qu'un volume moitié moindre que celui de la
poudre ordinaire.
3. Poudre à gros grains ou à boules
(in Quarterly Review - 1856)
Plus les grains de la poudre sont gros, plus il devient difficile de les faire tous d'égale grosseur ; aussi les charges égales en poids ne donnent-elles
pas tous les mêmes résultats, quand on calcule les vitesses des projectiles au moyen de l'appareil électro-magnétique de Navez ; les grains ou
boules (pellets) de la poudre actuellement en service en Angleterre (large grained rifled powder), sont de petits cylindres ayant 0m012 de
hauteur et 0m019 de diamètre, avec un petit vide à chaque extrémité ; pour obtenir l'uniformité voulue dans les dimensions des grains de cette
poudre, si bien appropriée à l'artillerie rayée anglaise, il faut tout simplement prendre les ingrédients de la poudre tels qu'ils sortent du moulin et
les comprimer à la presse hydraulique dans des moules ayant la forme des gros grains ; le travail de la manipulation se trouve bien diminué.
Expérimentation d'une torpille
sur la corvette Fulton
exrait de l'Abeille de Lorient (1868)